[GN 2007] Contexte Historique Uchronique

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monsieurGlu
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[GN 2007] Contexte Historique Uchronique

Messagepar monsieurGlu » 13 août 2007 12:24

Oyez !! Oyez !!

Voici enfin venu amis joueurs, flibustiers, cosaires et pirates le contexte historique dans lequel va se dérouler ce débarquement sur l'Île aux Boeuvries! Bonne lecture et sachez que suivra bientôt une version téléchargeable de ce récit épique!

Bonne lecture à tous et à toutes...




Contexte Historique

Introduction :

Ces quelques pages sont destinées à informer les joueurs du décor et du contexte dans lesquels se déroule notre scénario. Nous nous sommes inspirés de la grande Histoire, y avons ajouté quelques nouveaux éléments et secoué le tout pour obtenir une belle Uchronie du XVIIIème. Pour les ignorants, une petite définition du terme s’impose (et ça ne fera pas de mal aux autres) : Il s’agit donc d’un monde inspiré de l’histoire dont un événement, imaginaire, vient chambouler le cours. Les personnages et faits historiques s’en trouvent plus ou moins affectés.
Il est donc inutile de posséder une agrégation d’histoire pour suivre le jeu dans la mesure où, même s’il va de soi que ses concepteurs les maîtrisent sur le bout des doigts, de nombreux détails historiques différeront du cours normal. Certains événements n’auront pas lieu ou se dérouleront différemment. En bref, ne vous étonnez de rien puisque tout est possible et surtout, ne présagez de rien. En ce qui nous concerne, le détail qui fait bouger l’aile de papillon entraînant l’ouragan qui allongea le nez de Cléopâtre, changeant ainsi la face du monde, a lieu quelque part vers la fin du XVIIIème. IL a un rapport avec la science, la magie, les extraterrestres, ou bien… Je vous laisse tout le loisir de spéculer sur la nature du changement. Une chose est sûre, c’est qu’il concerne le monde des pirates. Une brève histoire de leur évolution aux cours des dernières années est donc nécessaire. Les faits décrits ici ne sont bien entendu que partiels. Si tout ce qui n’est pas cité suit plus ou moins le cours historique, des changements peuvent avoir lieu sans que votre personnage n’en soit informé. Levons donc le voile sur la grande histoire de la piraterie.

La Grande Epoque

La piraterie est aussi ancienne que la marine. Dès qu’un péquenot a réussi un jour à gagner sa vie en navigant, un autre a tenté de gagner la sienne en le dépouillant, le rançonnant, le réduisant en esclavage,… Et ceci concerne toutes les mers du globe et toutes les époques. Pourtant dans l’imaginaire collectif (et franchouillard), l’archétype du pirate est celui des Caraïbes, aventurier au teint halé, épris d’aventure, de liberté et surtout de butin. Nous devons admettre ne pas différer de la moyenne sur ce point.
Cette grande geste de la piraterie outre-atlantique connût son âge d’or entre le XVIème et le XVIIIème siècle. Les Amériques, récemment découvertes, aiguisèrent immédiatement les appétits féroces de toutes les puissances de la Vieille Europe. Première arrivée, l’Espagne s’installa dans tous les nouveaux territoires découverts, les mis en coupe réglée, réduisit la population en esclavage et rapatriât tout le butin sur lequel elle put faire main basse. Les autres nations contestèrent non pas le comportement des conquistadores mais plutôt leur monopole sur la région et surtout sur les richesses. Elles se mirent donc, en plus de créer leurs propres colonies (souvent en pillant, réduisant en esclavage,…), de lorgner sur les richesses du voisin. Aucune d’entre-elle n’avait cependant les moyens d’entretenir une flotte au delà de leurs eaux côtières, par manque, principalement, d’infrastructures sur place. Afin de pouvoir, comme en Europe, s’étriper à tour de bras et dévaliser son prochain, les souverains accordèrent à leurs ressortissants munis d’un bateau, d’un équipage de ruffians, de canons et de l’envie de s’en servir, des Lettres de Marque (ou de course), les autorisant en leur nom à attaquer et piller les navires de leurs adversaires. Les corsaires étaient nés! Comme tout le monde était plus ou moins en guerre, le choix des cibles était large, mais allez savoir pourquoi, c’est bizarrement l’Espagne et ses mythiques galions chargés d’or qui firent les frais du plus grand nombre d’attaques.
En ces temps de changements réguliers d’alliance, de coup fourrés en plus d’être tordus où il suffisait d’un ennemi puissant à la Cour pour être mis au ban de la société, certains corsaires se retrouvèrent rapidement en bisbille avec leur autorité officielle. D’autres finirent par considérer qu’il était fort peu courtois de la part de leur monarque d’exiger une part du butin alors que c’est eux qui prenaient tous les risques. Certains équipages enfin, lassés de la discipline de fer imposée par leur capitaine, le tout pour des clopinettes, choisirent de se passer de leur autorité et de la protection de toute nation. Flibustiers, boucaniers, pirates, ils décidèrent rapidement de rouler pour leur propre compte et d’attaquer tout navire offrant des chances de butin. Tout au cours du XVIème et XVIIème siècle, le nombre de pirates ne fit que croître alors que le trafic entre Ancien et Nouveau Monde suivait une rapide évolution. Au fil des explorations, les grandes puissances se taillaient des colonies dans ces nouveaux territoires,si bien que toutes les îles des Caraïbes se retrouvaient occupées et colonisées. En effet, pragmatiques, l’Angleterre, la France et la Hollande accordèrent le statut de Gouverneur, des honneurs et bien sûr le pardon pour leur actes passés (notamment sur la manière utilisée pour conquérir le pouvoir) à toute personne rapportant à la couronne la domination d’un territoire conséquent. Cette politique multiplia les possessions de ces nations au dépend principalement, une fois encore, de l’Espagne. Des brigands se retrouvèrent donc à la tête d’îles et de richesses considérables, amnistiés et libres de rentrer chez eux fortune faite. Tous ne choisirent pas cette option. Un bon nombre prirent la caisse et retournèrent à leur vie maritime, d’autres continuèrent plus ou moins discrètement leurs activités délictueuses, se recyclant dans le recel et la contrebande. Alors que la pression des états se faisait plus forte en tentant d’y installer un système calqué sur la monarchie absolue (régime très en vogue à l’époque), des îles entières se rebellèrent à leur autorité. Des ports-francs apparurent, dont certains, comme l’Île de la Tortue, étaient entièrement administrés par des pirates. Les codes de la piraterie naquirent et les pirates devinrent presque une puissance indépendante. En tout cas, un élément prépondérant de la vie politique et commerciale des Antilles et des Amériques. C’était le premier âge d’or de la piraterie, il allait s’éteindre au début du XVVIIIème.

Le Declin de la Flibuste

Lassées des exploits de ces aventuriers devenus incontrôlables, les grandes puissances jugèrent l’activité pirate plus préjudiciable que bénéfique et s’entendirent pour mettre le holà à son développement. La puissance des marines royales s’étant grandement accrue au cours du XVIIéme, elles devenaient un danger de plus en plus pressant pour les pirates mais restaient incapables de les maîtriser étant donné leur nombre. Des édits royaux accordant l’amnistie et l’immunité à tous ceux qui rentreraient dans le rang, alliés à une répression sévère et ciblée, permirent de juguler la menace pirate. Les irréductibles furent traqués, poursuivis et souvent exécutés. Toutes les îles furent assujetties à l’autorité de l’une ou l’autre couronne. Les pirates perdirent toutes leurs possessions et leur nombre décrut rapidement. Le calme et une certaine torpeur s’installèrent sur les mers du Nouveaux Monde. Les derniers représentants authentiques de la piraterie officiaient maintenant dans l’Océan Indien mais ne purent jamais vraiment acquérir une véritable organisation. Dès qu’un port-franc se déclarait, il tombait rapidement sous le joug des grandes puissances. Les îles étaient soit invivables, soit habitées d’autochtones parfaitement hostiles ou trop organisés pour se laisser conquérir.
Les actions d’éclat n’étaient plus le fait que de quelques capitaines suicidaires. La piraterie devint occasionnelle et par dessus tout discrète. Seuls quelques corsaires, la bride serrée, pouvaient continuer d’officier, indignes représentants de leurs glorieux ancêtres.
En 1775, un événement bouscula tout cela. La grogne longtemps contenue des colonies américaines, écrasées d’impôts par la couronne britannique, éclate en révolte. Maîtres des mers, les anglais tentèrent d’asphyxier les insurgés en imposant un blocus aux treize colonies américaines. Grave erreur. Rapidement, la contrebande devint un sport national pour tous les équipages en quête de frisson. Le littoral américain devient le repaire nombreux équipages « commerciaux » puis le terrain de chasse d’un nombre croissant de pirates américains et français.
De nombreux partisans de part et d’autres de la Manche soufflèrent sur les braises de la guerre de sept ans qui s’était achevée quelques années plus tôt par la défaite de la France. Celle-ci, jamais en peine de motifs dès qu’il s’agit de faire chier les anglais, soutinrent, de moins en moins discrètement, le camps des insurgés. Une guerre supplémentaire éclata entre les deux nations et ralluma les hostilités dans toutes les Antilles. De nouveau, les lettres de marques pullulèrent et les corsaires eurent, de nouveau, la bride au cou.

La Naissance des Nations Pirates

La révolte s’achèvera en 1784 par la victoire des états, désormais unis, d’Amérique. Mais un autre événement lourd de conséquences se déroulera pendant le conflit. En 1777, un corsaire du nom de Charles Levasseur, petit fils d'Olivier, surnommé « Le Rapace » en souvenir de son glorieux aïeul et de ses propres exploits, mandaté par la France, monte une expédition avec quelques-uns de ses condisciples pour bouter les Anglois hors de La Dominique. Cédée à l’Angleterre depuis 1763, cette petite île située entre la Martinique et la Guadeloupe, est idéalement placée pour perturber les échanges maritimes entre ces deux colonies françaises. Les autorités françaises avaient tenté plusieurs fois de la reprendre de force et s’y étaient cassé le nez. Par génie, chance ou magie (le nom des Levasseur charriant de nombreux mythes...), « Le Rapace » réussit l’exploit de libérer ce territoire du joug britannique pour la ramener dans le giron de la France, mais, bien évidemment sous sa propre autorité et son administration.
Cruel, sans scrupule, brutal au dernier degré, il se fit détester de la population locale. Avide de pouvoir et surtout de richesses, il en fit une escale obligée pour le commerce le plus rentable de l’époque: la traite des noirs. Son île devint rapidement un enfer pour tout homme un peu basané et le paradis des négriers nantais. La guerre qui faisait rage dans le nord de l’Amérique ayant emporté une bonne part de la main d'oeuvre paysanne, les colonies étaient à l’époque friandes d’esclaves et riches de matières premières.
Son règne s’acheva brutalement au bout d’un an. Un convoi de cinq navires chargés de 400 esclaves fit escale à La Dominique. Le capitaine Guillaume Thomas Raynal, capitaine de l’expédition, se révéla être un anti-esclavagiste convaincu et ses 400 esclaves, des guerriers armés jusqu’aux dents. Avec le soutien de la population, ils libérèrent les esclaves. A la tête d’une armée grossie de plusieurs milliers d’hommes, il renversa le despote.
Un nouveau régime vit le jour à La Dominique. Elle fut rebaptisée du nom d’Agué et tous les hommes, quelque soit leur couleur, y furent déclarés égaux. Théoriquement alliée de la France, l’île déclara son indépendance et se déclara port-franc. Tous les pavillons y étaient cependant acceptés et de nombreux corsaires et pirates y firent une escale. Un certain nombre en firent leur port d’attache. L’île, régie comme un bâtiment flibustier, ne tarda pas à devenir un centre d’échanges important en même temps qu’une quasi-république. La France comme l’Angleterre, ayant d’autres chats à fouetter, négligèrent cette menace. Grand mal leur en prit puisqu'elles perdirent, à cette occasion, la chance d’écraser dans l'oeuf la première nation pirate digne de ce nom.
La population de l’île enfla rapidement grâce à deux facteurs. Tous les hors-la-loi et esclaves en rupture de ban tentèrent de gagner Agué. De plus, de nombreux navires négriers, convaincus que « Le Rapace » tenait toujours les rennes de l'île, se firent capturer lors de leur escale. Leur cargaison vint grossir les rangs des fidèles de Guillaume Thomas Raynal. Si bien qu'au début de 1779, la population d’Agué dépassait les 50000 habitants dont 9000 anciens esclaves.
Des rumeurs commencèrent alors à courir sur l’île et plus particulièrement sur le culte pratiqué sur place. Les navires d’Agué devinrent la terreur et le fléau des navires négriers. Inexplicablement, quelles que soient les précautions ou les ruses employées contre eux, les navires d’Agué parvenaient toujours à les débusquer. Les rumeurs enflèrent alors sur les étranges pouvoirs qui permettaient à ces navires de toujours trouver leurs victimes et à leurs équipages de toujours s’en sortir victorieux. On attribua ces prodiges aux sorciers noirs, les « bocors », qui disait-on, pouvaient invoquer des esprits, les « loas », et obtenir d’eux des prodiges. Toujours est-il que les cultes catholiques ou protestants furent chassés d’Agué par le nouveau gouvernement et que la croyance officielle devint le vaudou.
Ces rumeurs se renforcèrent d'avantage encore lorsque les anglais montèrent une expédition en mars 1780 pour reprendre la Dominique. A un contre quatre, les Agués remportèrent une éclatante victoire contre la meilleure marine du monde. Les rares survivants revenus témoigner racontèrent que leurs capitaines étaient devenus fous, que les hommes s’écroulaient tordus de douleur avant même le début des combats, parlèrent d' assaillants que ni balles ni sabres ne pouvaient abattre et bien d’autres foutaises. Les très nombreux prisonniers se virent offrir, après avoir vus leurs officiers se faire massacrer, le choix de la flibuste : rejoindre les équipages ou être à la merci de leurs vainqueurs. La plupart choisirent la première option (c’est aussi une des raisons pour lesquelles il n'y eut que très peu de témoignages et qu’ils restent peu fiables).
Au retour de la bataille, la situation politique sur l’île manqua d’exploser. Tous ces nouveaux équipages ne partageaient pas les mêmes opinions, les mêmes croyances, les mêmes convictions et devaient cependant tous cohabiter. C’est ainsi que les prémices du fameux code pirate de la Rose des Vents apparut. Aguè appartenant à Guillaume Thomas, il y établit ses règles égalitaires pour deux années.
En Juillet 1780, les pirates favorables ou indifférents à l’esclavagisme, ne pouvant commercer librement à Agué, s’organisèrent et prirent pour cible l’île des Saintes, voisine de la Guadeloupe. Soutenus par de nombreux négriers, ils s’emparèrent rapidement de l’île et y établirent une communauté pirate régie par un code similaire à celui d'Aguè, bien entendu, avec des règles différentes. C’est grâce à la grande influence des esclavagistes français auprès de la Couronne qu’il n’y eut pas de représailles. L’amirauté était de plus persuadée que l’antagonisme des deux îles les amènerait à se combattre et qu’il n’y aurait plus qu’à balayer le vainqueur affaibli. Il n’en fut rien. Fort étonnamment, les combattants des deux parties respectèrent une sorte d’omerta et prospérèrent chacune de leur côté. Se limitant à attaquer des navires anglais ou espagnols, à l’exception bien sûr des navires négriers, la France n’intervint que pour soumettre les deux îles à l’impôt. Elles eurent toutes deux la bonne idée de payer et d’affecter une soumission de surface jusqu’en 1783.
Le 25 septembre de cette année marqua la fin de la guerre d’indépendance. Les treize colonies étaient maintenant un état. L’Angleterre était défaite et la France s’était considérablement endettée pour soutenir les américains. Ceci signifiait pour les pirates deux choses: les deux grandes puissances du coin n’avaient plus d’autres chats à fouetter et elles allaient avoir besoin de faire rentrer de l’argent dans les caisses. En bref, corsaires, pirates et flibustiers n’avaient plus qu’à compter leurs abattis puisqu’ils allaient rapidement devenir indésirables dans les parages.
La France et l'Angleterre imposèrent à leurs corsaires de rentrer dans le rang et se préparèrent à donner la chasse aux pirates, lorgnant sur les deux îles dites libres.
En octobre 1783, Guillaume Thomas Raynal convoquait les premiers États Généraux Pirates en Floride, à l’insu des grandes puissances. Inspirés par la réussite de la révolution américaine ou tout simplement poussés par la survie, plus de 2000 équipages y participèrent. De cet acte fondateur naquit la véritable « Rose des Vents » qui servira de constitution aux nations pirates. Une trêve de cinq ans était déclarée entre tous les navires battant pavillon noir. La défense des deux seules îles étant illusoire contre les puissances cumulées de l’Angleterre et de la France (sans compter la Hollande et l’Espagne...), c’est une véritable invasion qui succéda aux États Généraux. Dès le début de l’année 1784, la Jamaïque, Saint Domingue, Cuba, les Bahamas, Porto Rico,… tour à tour, toutes les îles de la Caraïbe subirent les assauts de la « Rose des Vents ». Un grand vent de liberté soufflait sur la région. Toutes les îles ne tombèrent pas mais beaucoup se retrouvèrent isolées ou virent une partie de leur population se révolter pour suivre le mouvement. Pour de nombreux esclaves, ce mouvement était synonyme de liberté. Saint Domingue, par exemple, devint sous la conduite de Toussaint Louverture, la première nation noire en 1786. Si elles commencèrent bien évidemment par combattre cette conquête, les nations européennes furent rapidement débordées. La guerre qui venait de s’achever avait largement affaibli l’Angleterre dans la région et mené la France au bord de la faillite. La jeune nation américaine, elle, dépourvue de marine et coupée du Vieux Monde, se voyait contrainte à la négociation.
En septembre 1786, deux flottes de guerre, étaient envoyées en représailles par la France et la Hollande. Elles furent anéanties au cours de leur traversée de l’Atlantique. Les raisons de ce désastre ne sont pas bien explicitées. Seuls cinq des quarante navires étaient rentrés, surchargés de rescapés. La rumeur prétend qu’un monstre marin les aurait envoyés par le fond... Le trafic maritime se déporta donc vers le sud et le nord de l’Atlantique. La traversée du Pacifique étant encore réservée à quelques aventuriers. Ce naufrage signait le glas, pour plusieurs mois, des efforts de reconquête des Antilles.
Plusieurs bâtiments de guerre disparurent également mystérieusement au cours des années suivantes. La seule explication connue est pour le moins farfelue : un original, apparemment extrêmement riche, a revendiqué ces attaques sous le nom de Capitaine Nemo. Qu’un seul navire ait pu en couler une dizaine sans même être aperçu ne saurait être pris au sérieux.

Les trajets entre les Amériques et l’Europe devinrent des aventures à haut risque. Certains pirates, appartenant à la mouvance « Mercantile », étaient quasiment les seuls à pouvoir garantir les transports vers les colonies encore sous tutelle. Leurs prix étaient, bien sûr, exorbitants. Le tabac, le chocolat et bien d’autres denrées devinrent pour le Vieux Continent des produits de grand luxe.
En 1787, la quasi-totalité des Antilles était sous la domination des pirates mais les terres d’Amérique Centrale et du Sud étaient encore sous la domination espagnole et portugaise.
En 1788, l’Espagne catholique réagit violemment au mouvement et en appela au pape. Les pirates étaient en effet, dans leur grande majorité, anti-chrétiens et pillaient allègrement les biens de l’église. Pie VI hésita longuement. Sous la pression des nations qui voyaient leurs colonies menacées, le pape se décida enfin à condamner l’hérésie pirate et déclara la Sainte Croisade à la fin de la même année. Il chargea Emmanuel de Rohan-Polduc, Grand Maître de l’Ordre de Malte de la mener à bien. Habile financier, celui-ci venait en effet de rénover la marine de l’Ordre mais ne put se résoudre à combattre seul, et sur ses fonds propres, les pirates. Il fit appel à tous les états, et surtout à la France, fille aînée de l’Eglise, avec qui le pape entretenait des relations privilégiées.
D’abord réticente, la France finit par céder en rejoignant l’Espagne et l’Italie dans la croisade. L’Angleterre, elle, fit bande à part, ne se sentant en rien concernée par une croisade religieuse. Elle autorisait cependant, les flottes engagées dans la croisade, à relâcher dans ses ports.
Il faut dire que la situation avait nettement évolué en faveur des pirates. Le mouvement commençait à toucher l'Océan Indien où l’Angleterre avait massé le principal de sa flotte et maintenait, à grand peine, sa domination. Les îles du Cap Vert étaient effectivement tombées depuis peu sous la domination des « Adeptes », une des composantes de la « Rose des Vents » et les Açores venait de subir une première attaque.
La menace était maintenant aux portes de la Méditerranée et n'allait pas tarder à s’y engouffrer.

Les Annees Revolutionnaires

En janvier 1789, renouant avec son glorieux passé, Venise déclara son indépendance de la couronne d’Italie et devint la première nation pirate de la vieille Europe. Elle réussit cependant à négocier avec le Vatican et la Couronne d’Italie et se déclarait comme neutre dans la Croisade. Si elle suivait les concepts de « la Rose des Vents », en aucun cas elle ne rejetait les commandements de l'Église (sauf bien sûr le concept de monarchie de droit divin).
La pilule semblait passer et la cité ne connut pas de représailles par terre ou par mer des forces croisées. Par contre, celles-ci n’intervinrent pas non plus lorsqu’une très importante flotte Ottomane la menaçât par la mer et semblait à même de ne faire qu’une bouchée de la nouvelle nation pirate et de sa flotte naissante. Ce fut pourtant Venise qui réussit mystérieusement à s’imposer. A la faveur d’un soudain brouillard, la rumeur populaire prétend que le terrible et légendaire Hollandais Volant serait intervenu pour dévaster l’armada ennemie. Venise échappa donc à cette razzia qui sentait tout de même bon la manoeuvre Maltaise et l’on prétend que depuis, des émissaires de Malte et des grandes puissances enquêtent sur place pour acquérir le secret qui permit à Venise de s’en sortir.
En revanche une chose dont on est sûr aujourd'hui, c’est que les frais de la guerre s’envolèrent. La flotte en construction absorbait des fortunes et les équipages nécessitaient de nombreux bras. Mises à contribution, l’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Empire Austro-Hongrois,... durent mettre la main à la poche et fournirent des prisonniers pour remplir les équipages. Cette ponction fut durement ressentie par les populations et nulle part ailleurs plus amèrement qu’en France, principal soutien politique de Pie VI. L’Etat s’étant gravement endetté lors de la précédente guerre, les caisses étaient vides et les banques exsangues. Alors que la famine menaçait déjà, le roi augmenta la dîme et la taille pour financer la croisade, taxant plus durement encore les échanges commerciaux. Il menaçait également de s’attaquer aux fortunes de la noblesse. La colère qui grondait depuis plusieurs années éclata lorsque le Roi rejetta les doléances du Tiers-État lors des états généraux de la royauté de mai, convoqués sous la pression populaire des années précédentes.
La situation se dégradait lentement au cours du printemps pour se transformer en insurrection puis en révolution au début de l'été. La Constitution française fut déclarée, en juillet la Bastille prise, bon la suite, on la connaît... Pendant ce temps là, la guerre continuait et le désordre qui régnait en France ouvrit l’appétit de « La Rose des Vents ».
La première ville à succomber à « La Rose des Vents » fut La Rochelle. Assiégée par les troupes révolutionnaires, elle succomba par la mer aux assauts de Pierre Maxime de Clarfance, éminent représentant de « La Rose des Vents » qui permit aux révolutionnaires d’investir la ville. Au cours de la bataille, on put voir, dit-on, un navire anglais quitter le port discrétement à la faveur des évènements et emporter à son bord un étrange parallépipéde noir de taille conséquente... Cependant la tension montait rapidement et, soutenu par la population locale, le capitaine de Clarfance, ancien corsaire et donc plutôt royaliste, prit le pouvoir et captura une bonne partie de l’état major révolutionnaire. La ville était donc sous le giron de « La Rose des Vents » mais soutenait également la royauté... A cette époque, la probabilité d’une monarchie constitutionnelle était forte et de nombreux royalistes avaient la cote. La cité fut donc la première atteinte en France. De nombreuses autres tentatives eurent rapidement lieu à Saint-Malo, Marseille, le Havre et d’autres grands ports en furent victimes, mais, à chaque fois, les populations locales méfiantes ne permirent pas à « La Rose des Vents » de s’installer. Les royalistes les considéraient en effet comme des hors-la-loi et les révolutionnaires, échaudés par la prise de la Rochelle, s’en méfiaient.
L’implantation en France était donc pour l’instant compromise. En Europe, la croisade maltaise semblait contenir la menace. Il faut dire également que la trêve pirate était morte depuis octobre 1788, que de nombreuses contestations d’îles eurent lieu, certaines changeant même de maître. Si officiellement, tout se réglait à terre, certains capitaines disparurent plus ou moins mystérieusement et ne rentrèrent jamais pour défendre leurs droits.
La disparition la plus célèbre et emblématique reste celle du Capitaine Cook. Il recherchait outre le passage du nord-ouest, une entrée permettant de pénétrer dans la terre. Son navire a en effet quitté le Canada actuel en juillet mais son bateau revint seul et sans équipage en février. Des deux expéditions lancées à sa recherche, une seule reviendra, sans nouvelles, ayant manqué de finir broyée dans les glaces de l’hiver 1789-90. On reste sans nouvelles de lui depuis, mais certains pensent qu’il a réussi à atteindre les royaumes du centre de la terre et qu’il ressurgira d’un autre point du globe.
Dans le reste de l’Europe, la réaction contre la révolution commençait à s’organiser. La croisade est plus ou moins délaissée par les grandes puissances à l’exception de l’Espagne. On découvrit que le Roi de France appelait ses condisciples à venir le délivrer. La résistance restait interne à la France qui s’organisait politiquement et administrativement. La famille royale n’était pas officiellement prisonnière mais leur intégrité physique restait suspendue à la non intervention des puissances extérieures. De plus, on se dirigeait tout droit vers une monarchie constitutionnelle. La Grande Bretagne continuait de se concentrer sur l’océan indien où elle tenait la « Rose des Vents » en respect. Pour l’Europe, Venise fut assiégée par la terre puis changea de capitaine. John Mac Donnel, du mouvement « Mercantis » prit le pouvoir et achètait sa tranquillité en livrant son prédécesseur à l’Inquisition. Il sera exécuté sur le bûcher. Venise se déclara « République Catholique » et créait un nouveau mouvement au sein de la « Rose des Vents »: les « Vénitiens ». Il se proclamèrent Doges et négociaient avec la couronne d’Italie. Le Saint Siège, lui, perdit ses possessions en Avignon, ce qui évidemment ne la réjouît guère. La création de prêtres révolutionnaires qui divisait en deux factions rivales le clergé français, le réjouissait encore moins.

Dans les Caraïbes, Guillaume Thomas Raynal se maintint à son poste malgré une tentative d'assassinat d’un rival du courant « Sanguinaire ». Par contre, près de la moitié des îles changèrent de capitaine; les plus naïfs et utopistes furent remplacés par des confrères « Sanguinaires » ou « Mercantis », plus pragmatiques, les « Sanguinaires » ou « Mercantis » par des « Royalistes » ou des « Egalitaires », avec le soutien de la population locale. Ces bouleversements occupèrent les éléments les plus actifs de la « Rose des Vents » pendant presque tout l’été. Les croisés de Malte en profitèrent pour attaquer le Cap Vert. Si l’île ne fut pas reprise, sa flotte fut fortement endommagée, réduisant pratiquement à néant sa capacité de nuisance. Une attaque coordonnée depuis le Mexique, le nord de l’Amérique du sud et les croisés permit de ramener Cuba sous la souveraineté espagnole. Les pirates furent repoussés ou bloqués dans les Caraïbes jusqu’à la fin de l’hiver 91. La première croisade rentra en Europe. Elle n’eut certes pas écarté définitivement la menace mais l’avait considérablement amoindrie en coulant de nombreux bâtiments adverses, et de nombreux prisonniers furent exécutés par les croisés et l’inquisition.
Rapidement, les pirates se réorganisèrent et une fois la flotte croisée partie, les îles reconquises furent assiégées et finirent par retomber sous leur coupe. De nouveaux équipages se formèrent et recrutèrent, surtout aux Etats Unis. De nombreux criminels et autres renégats fuyaient l’Europe ou étaient tout bonnement mis dehors, direction les colonies. De là, ils s’embarquèrent sur les navires de la « Rose des Vents ». Ainsi, ce furent les puissances européennes elles-mêmes qui fournissaient à la « Rose », les moyens de se reconstituer et à leurs opposants, les moyens de les combattre. Début 1791, la flotte pirate était reconstituée et avait reconquit presque tous ses anciens territoires. De nouveau elle se lançait à la conquête de la tirelire Europe.
En juin 1791, la situation de la communauté de la Rochelle se dégradait. En effet, le 20 juin, le roi et sa famille tentèrent de fuir. Ils furent repris à Angoulême, par hasard. Rapidement, un fait devient évident; cette tentative d’évasion fut en grande partie le fruit de la collaboration d’éléments dissidents de la révolution, de la noblesse et surtout des royalistes de la Rochelle. Leur présence commençait à irriter les toutes nouvelles autorités du Poitou et de Charente. Fin 91, la ville menaçait d’être assiégée, les autorités la soumettant à un blocus, invitèrent la population à chasser les occupants et à se rendre aux autorités révolutionnaires. Quelques rats désertèrent le navire mais dans l’ensemble, la populace suivait Pierre Maxime de Clarfance qui les avait plutôt bien traités et leur avait fait profiter de ses butins, pris sur les navires espagnols.
D’un autre côté, les lois promulguées et la déclaration des Droits de l’Homme qui reconnaissait, à chaque être humain, l’Egalité, ruina un commerce des plus profitables, en abolissant la pratique de l’esclavage. Les Négriers nantais étaient sur la paille et prenaient très moyennement la chose.
La fuite du roi ayant échouée, les armées des forces Prussiennes et Hongroises menaçaient d’envahir la France. Des troubles internes furent fomentés depuis l’extérieur et la république se désintéressa peu à peu de la gestion de la ville de La Rochelle, alors que, pendant ce temps, les négriers nantais commencèrent à prendre contact avec les pirates, surtout ceux du mouvement « Sanguinaire ».
En 1792, les armées étrangères foulèrent le sol de France, menaçant de passer la population parisienne par les armes si l’on attentait à la famille royale. Largement occupée à combattre sur ses frontières, les autorités n’avaient plus le loisir de s’occuper de la Rochelle, dont la survie, en temps qu'entité politique indépendante, était menacée. En juillet, les pirates passèrent à l’attaque en prenant la ville de Nantes, qui fut rebaptisée « Nantes la Noire », devenant le deuxième repaire pirate de France. Le maître de la ville était Arak, un des pires représentants de la branche « Sanguinaire ». Ce ne fut que grâce au soutien des négriers qu’il put prendre le pouvoir et dominer l’alliance mise en place pour vaincre les autorités civiles.

Cependant, les antagonismes au sein du mouvement ne le firent pas éclater. Ce ne fut qu'à terre et selon des règles établies à l’avance, que se résolvèrent les litiges. Du moins officiellement.
"..., et Guglu le coeur en fête, viendra s'y cogner jusqu'à s'en faire exploser la tête,..."

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